Guillaume Godest

par Romain Mailliu

Du voyage à l’écriture

Pourquoi part-on ? Un article effleurerait à peine la question (nous verrons ça plus tard). Deux pistes : la fuite, et l’espérance que la richesse du dehors comblera les vides intérieurs. Baudelaire, qui n’est pas allé bien loin, a tout dit sur le voyageur qui s’agite comme un damné, et qui sait pourtant qu’il ne trouvera au bout de ses tribulations que son propre néant, une oasis d’horreur dans un désert d’ennui (« Le Voyage »). Et pourtant, on ne peut s’empêcher de partir, rentrer, et repartir encore…

Tout le monde sait que l’écriture est la prolongation du voyage. Sa digestion ; les mots passent l’expérience au tamis. On a macéré dans un grand bain de couleurs, et c’est en écrivant qu’on peut espérer tirer quelques motifs de la mélasse.

Seulement, certaines choses feraient mieux de rester là où elles sont, et de nous foutre la paix.


On prétend en sortir vainqueur, alors on s’échine dans un combat perdu d’avance contre des fantômes. Il s’agit, face au miroir, de s’arranger une dignité.


J’envie ceux qui moissonnent des champs de bonne terre grasse et généreuse. Pour ma part, écrire c’est patauger dans de vastes étendues infertiles ; à force de piocher on en tire bien un petit caillou coloré qui finira quelque part, mais il arrive aussi qu’on déterre un cadavre. Tout consiste alors à tenter de le planquer.


Alors, tout est à recommencer…

Afghanistan – 2023

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