[Tennis] – Comme un lundi à Paris-Bercy

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Cette semaine se déroule à Paris le tournoi de tennis de Bercy. C’est un tournoi Masters 1000, c’est-à-dire que 1000 points sont attribués au vainqueur de ce tournoi très important, juste en-dessous des Grands Chelems, référence ultime du tennis.

L’artillerie américaine en entrée

Le premier match de la journée sur le court central, une magnifique enceinte de 15 300 places, est un duel entre l’Espagnol Davidovitch Fokina (28ème joueur mondial) et l’Américain Ben Shelton (16ème joueur mondial), nouvelle star du circuit. Entre les deux joueurs, c’est une opposition de style, tant sur le plan du tennis que de l’attitude.

L’Américain est un joueur précoce, âgé seulement de 21 ans, qui fait partie de la nouvelle génération de tennis menée par Carlos Alcaraz et Jannick Sinner. Grâce à son service et son coup droit, il tente d’imposer sa puissance à un Davidovitch Fokina plus défensif et calculateur. Au sourire de l’Américain, signe distinctif de la nouvelle génération qui annonce vouloir se faire plaisir sur le court et de l’école de tennis américaine (pensons par exemple à Tiafoe ou à Tommy Paul, volontiers détendus sur le court) répond le sérieux de l’Espagnol. 

Le premier set est pour l’Espagnol et la deuxième manche pour l’Américain, qui fait moins de fautes et profite d’un relâchement de son adversaire.Le match va finalement revenir à Davidovitch Fokina, dont le revers fait des merveilles. Celui-ci peut exulter et savourer une « perf » importante contre un joueur qui vient de faire une demi-finale à l’US Open.

 

Le court central de l’Open de Paris Bercy

Murray-De Minaur en guise de plat principal

Ensuite, c’est au tour d’une légende du sport d’entrer sur le court, l’Ecossais Andy Murray. Celui-ci, vainqueur de trois tournois du Grand Chelem, est parfois associé au trio des GOAT tant son niveau de jeu fut impressionnant. Il fait face aujourd’hui à sa bête noire, l’Australien Alex De Minaur, 14ème joueur mondial, qui l’a battu 5 fois en 5 confrontations. 

On sent la nervosité de Murray au premier jeu, durant lequel il perd d’entrée son service. Alex de Minaur semble avoir le même jeu que son adversaire, un jeu de contre, mais en plus vif. L’Ecossais refait finalement son break de retard mais perd la première manche au tie-break. Il hausse ensuite son niveau de jeu et remporte le set suivant avant de mener 5-2 dans la dernière manche et d’obtenir une balle de match. 

Mais l’Australien reprend soudain du poil de la bête et profite des hésitations soudaines de Murray, rattrapé peut-être par son passif encombrant contre le joueur australien. Il finit par perdre le duel, malgré une salle acquise à sa cause, dans une fin de match à sens unique qui voit De Minaur remporter 5 jeux d’affilée. L’Ecossais enrage et ses raquettes en paie le prix fort.

Dessert amer pour le jeune français Luca Van Assche

Luca Van Assche est, avec Arthur Fils, le fer de lance de la nouvelle génération de tennismen français. Âgé de seulement 19 ans, il pointe à la 69ème place mondiale et se présente pour la première fois au tournoi de Bercy sans passer par les qualifications. Il est opposé au serbe Laslo Djere, 34ème joueur mondial, qui a récemment emmené Djokovic jusqu’au 5ème set à l’US Open. 

Le court n°1 sur lequel prend place le combat est bien plus petit que le central. Mais l’atmosphère y est souvent brûlante lorsqu’un français entre en piste. Aujourd’hui, un groupe de supporters serbe tente de résister aux cris de « Idemo Laslo » (« allez Laslo ») à la bronca du banc français.

Luca Van Assche possède un excellent déplacement et un très bon revers, mais il peine face à la puissance du coup droit de Djere qui finit souvent par dicter l’échange et mettre Van Assche dans une position trop défensive. Il perd finalement le combat en trois manches (6/7 6/4 6/4). 

Luca Van Assche en difficulté sur le court n°1

Digeo costaud pour Dimitrov

C’est ensuite au tour de deux joueurs talentueux d’entrer sur le court, le Bulgare Dimitrov et l’Italien Musetti. Dimitrov, en confiance après une victoire récente contre Carlos Alcaraz, démarre fort le match et emporte la première manche 6 jeux à 2. Peu de gens peuvent alors imaginer un avenir à Musetti, largement dominé par son adversaire dans tous les compartiments du jeu. 

Mais contre toute attente, celui-ci sauve une balle de match avant de laisser parler son talent et de marquer quelques points extraordinaires contre son adversaire, notamment un passing de revers lâché long de ligne à pleine puissance. Il gagne le deuxième set au tie-break et se relance dans le match. Finalement, Dimitrov, bousculé, reprend peu à peu le fil de sa domination et finit par faire respecter la logique du classement en gagnant en trois sets 6/2 6/7 6/3.

Lorenzo Musetti se révolte dans le deuxième set

Gueule de bois pour Gasquet et Wawrinka

Face à la débâcle des joueurs français du jour, tout le public de Bercy compte sur Richard Gasquet pour sauver la journée. Celui-ci fait face à un très gros défi puisque 56 places séparent le français de son adversaire du soir, l’Américain Tommy Paul. 

Le français démarre très fort et domine très facilement Paul dans la première manche 6/0. Mais l’Américain, resté sans doute au vestiaire lors du premier set, fait alors beaucoup plus « 12ème joueur mondial » et demi-finaliste de Grand Chelem (à l’Open d’Australie cette année). Il laisse s’exprimer ses facilités et mène ensuite 0/6 6/2 5/2. C’est le moment choisi par Gasquet pour enclencher un God Mode et embarquer tout le public dans une remontada folle. 

Il joue alors des points fabuleux, avec un état d’esprit d’attaquant et semble habité par l’ambiance extraordinaire de la salle. Sur un redoutable passing de son adversaire, il se jette et finit le point par une volée sortie d’un autre monde. Malheureusement, Gasquet passe sans transition du God Mode au FFL mode en ratant trois balles de match, dont une perdue sur son service à cause d’une ignoble double faute. Le joueur américain l’emporte donc et s’excuse presque face au public français de l’issue du match.

Le dernier match de la journée oppose deux sublimes revers à une main, le Suisse Stan Wawrinka à l’Autrichien Dominic Thiem. Deux vainqueurs de Grands Chelems qui se livrent une féroce bataille en trois sets (définitivement la signature de la journée). L’Autrichien, redescendu à la 108ème place mondiale après une dépression et des blessures qui ont suivi sa victoire à l’US Open contre Alexander Zverev, fait une ultime remontada, sauve une balle de match et gagne face un Stan Wawrinka qui perd ses nerfs et casse sa raquette de rage. 

Il est 2h24 du matin, et Thiem annonce qu’il n’a jamais fini aussi tard. Les spectateurs, quant à eux, se sont gavés de tennis, c’est le ventre rond de balles jaunes qu’ils rentrent chez eux. 

Arnaud de Bonnefoy

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