[TENNIS] – Vamos à Roland-Garros

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Dimanche, c’était le début de la fête française de la petite balle jaune. Le retour d’un Djoko remonté comme une pendule après le triste épisode australien, les gros bracos de Nadal toujours présents, la nouvelle attraction Carlos Alcaraz et les spectateurs enfin libérés des masques : elle sera belle. Pour humer l’ambiance, rien de mieux qu’un petit tour à Roland-Garros pendant les qualifs. Avec mon frère, nous en arpentons les couloirs à la recherche de bons matchs à se croquer.

Qui a un canot de sauvetage pour le tennis français

C’est chose faite avec le français Sean Cuenin, 595ème joueur mondial, en difficulté face à l’italien Giulio Zeppieri, 216ème au classement ATP. Les jeunes loups se livrent un combat musclé, et les spectateurs se mettent à rugir lorsque le français se révolte à 5-4 et break dans le deuxième set. Le français envoie alors son coup droit plein fer sur le revers de son adversaire pour faire lever une foule qui n’attendait que ça. Joueurs et spectateurs se répondent : Zeppieri vacille. Malheureusement, le joueur italien reprend rapidement le contrôle de ses nerfs et pose sa clim dans le stade avec un doigt sur la bouche. Sean Cuenin ne sera pas le sauveur du tennis français. Forfait de Gaël Monfils (il serait peut-être temps d’enlever son image dans le métro parisien), sénilité des mousquetaires (on aura quand même à cœur de suivre le jubilé de la tête de proue Tsonga et de son compère Gilles Simon), faiblesse tennistique des Hugo Gaston et autre Quentin Halys : le panorama tricolore fait peur. De son côté, la meilleure chance française, Adrian Mannarino, tape des balles dans un quasi-anonymat : les rédacteurs de la fédération française de la loose fourbissent leur posts.

Le français Sean Cuenin célèbre un de ses coups droits

Sus au grand tableau

Puisqu’il ne faudra pas chercher les réjouissances de la journée dans le camp tricolore, on part observer d’autres matchs en espérant tomber sur des jeunes joueurs dont on pourra dire plus tard qu’on les connaissaient avant qu’ils ne percent. Aujourd’hui, Barnabe Zapata Miralles et Zdenek Kolar se défont de leurs adversaires italiens. Des niveaux de jeux solides qui pourront leur permettre de créer des surprises dans le tableau principal. Donna Vekic, quart de finaliste à l’US Open, roule sur Gasanova dans un dernier set à sens unique.

S’entraîner pour mieux régner

En parallèle de ces matchs de qualifications – qui permettent de voir du bon tennis à un prix raisonnable (rip les billets visiteurs du soir pendant les tours principaux), les meilleurs joueurs du monde s’entraînent. Sur le court Suzanne Lenglen, Sasha Zverev, numéro 3 mondial, fait étalage de ses facilités techniques face à Daniel Evans. Son revers, frappé long et à plat, est brillant. Le joueur allemand semble en bonne forme ; il aura besoin d’un jeu réglé pour se frayer un chemin parmi les épouvantails de sa partie de tableau. Cette fois-ci, pas de demi-finale estampillée nextgen  face à Tsitsipas, mais un quart attendu face à son bourreau de Madrid Alcaraz avant une demie probable face à Djokovic ou Nadal. 

La numéro un mondiale et nouvelle star du circuit féminin, Iga Swiatek , suit sur le Lenglen. Elle reste sur une incroyable série de 5 tournois gagnés et enchaîne les coups avec assurance. Son déplacement est impeccable. À la fin de l’entraînement, elle signe une balle qu’elle envoie depuis le terrain jusque dans mes mains, parmi la bonne centaine de spectateurs amassée dans les tribunes. Merci Iga ! Tu peux compter sur moi pour te supporter à Roland.

Un tweet nous apprend alors que Djoko est entré sur le Philippe Chatrier pour sa session d’entraînement. Ni une ni deux, en tant que membres de cœur de la Nolefamily, nous voilà en bas du court central de Roland. L’entraînement est fermé au public, mais seules de maigres lanières empêchent les spectateurs de monter dans les tribunes. On passe facilement dessous, et on peut monter observer le tenant du titre qui répète ses gammes dans un silence de cathédrale. Alors que nous restons bouche bée devant la pureté des frappes de Nole, un molosse vient nous faire redescendre. 3 minutes plus tard, coups d’œils furtifs lancés à droite et à gauche, nous voilà remontés pour 5 minutes de bonheur. Mon frère n’ose même pas lancer son cri d’encouragement pour ne pas gêner la mécanique huilée du Serbe qui épuise deux sparring-partners avec ses coups téléguidés. Ils ne sont pas de trop pour préparer le Djoker aux intenses combats à venir, dont la revanche attendue face à Nadal en quart. 

Comme nous sommes de nouveau repoussés par les vigiles, on se remet à déambuler dans les allées pour ne pas risquer l’expulsion du stade pour cause de Djokovisme. On entend soudain un cri brutal : c’est Nadal qui s’entraîne. Dans un mince espace de porte d’un court annexe, on peut apercevoir les félins déplacements du taureau de Manacor. Pas de doute : il pense à ce Roland depuis un an et la défaite face à un Novak ultra-entreprenant. À la sortie du court, il trace sa route parmi deux rangées de spectateurs et nous laisse à peine le temps de le prendre en photo (l’occasion de s’assurer que la statue à l’entrée du stade ressemble à tout sauf à Rafa).   Cours du soir 

On finit la journée avec Daniil Medvedev, Taylor Fritz et Emma Raducanu. Daniil Medvedev (n° 2 mondial) a des difficultés pour tenir l’échange face à Taylor Fritz (n°14 mondial). Il laisse échapper des balles, montre un certain laxisme dans ses frappes. Je ne comprends toujours pas bien le problème de Medvedev avec la terre. Même si ses coups à plat ne sont pas les mieux servis par l’ocre, sa régularité et son déplacement devraient lui permettre de faire mieux que quart de finaliste, son meilleur résultat actuel à Roland. Cette année, son tableau dégagé lui laisse de bonnes opportunités, à condition d’être plus concentré que lors de cet entraînement avec Fritz. En tout cas, la bonne entente entre Medvedev et son coach français Gilles Cervara est visible, et la complicité de ce duo bonnard est un bon atout en vue de la quinzaine. Le Russe (Merci à Roland de n’être pas tombé dans la folie anglaise de refuser les Russes), dont le caractère fantasque et explosif le place dans l’héritage de Djoko, est une éclaircie dans le sérieux continu des membres de la nextgen. Il me remercie dans un français impeccable de mes encouragements. 

Enfin, c’est au tour de la jeune britannique Emma Raducanu de fouler la terre parisienne. Dans le stade nimbé d’une douce lumière du soir, la dernière vainqueur de l’US Open alterne frappes puissantes et amorties dosées. Son sourire illumine cette fin d’après-midi. Elle me gratifie de l’un d’eux lors de la signature de ma balle, et je repars de Roland avec un rayon de son soleil. 

Je vous laisse avec mes pronos pour cette année : victoire de Rafa face à Tsitsipas en finale. Bon Roland à tous ! 

 

Arnaud de Bonnefoy 

 

 

 

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Benoit Duchange
30 mai 2022 17 h 46 min

Bravo Arnaud pour ta contribution à cet évènement cher à la famille Bonnefoy !