#5 Bienvenue à Cilincing

par Romain Mailliu
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Cilincing

Une arrivée fracassante

Cilincing est un quartier au nord de Jakarta. Il s’étend le long de la côte, ou plutôt le long d’un mur de conteneurs, véritable forteresse qui nous cache l’Océan. Afin d’acheminer ses blocs d’acier jusqu’au port, une autoroute borde Cilincing. Jour comme nuit, des camions porte-conteneurs font des va-et-vient au milieu des scooters qui se jettent toujours plus vite entre les roues de ses monstres imperturbables.

 

Cilincing

Le lac de Cilincing

 

Notre lieu de vie

Notre LPC (Life Project Center) se trouve entre 3 mosquées si bien que, lors de l’appel à la prière, de véritables symphonies prennent formes. Ma préférée est celle de 4 heure du matin : Al-Sobh. L’appel m’arrache au sommeil et me rappelle chaque nuit que je suis bien dans un autre pays, avec une autre culture, loin de ma petite campagne en banlieue orléanaise. Certains volontaires ont fait le choix de dormir avec des boules quies. Ce n’est pas mon cas.  Bien que la prière me réveille, j’apprécie ce moment de déconnexion. J’essaie de comprendre les mots, ou du moins les imaginer. Je finis généralement par me rendormir assez vite. Il n’est pas inconcevable que je finisse par porter des boules quies.

Notre LPC dispose d’une terrasse et d’un roof top. Quand le soleil se couche, vers 18h30, la vue du roof top est saisissante. Le soleil, rouge feu, semble s’échapper à l’intérieur des containers et s’en va rejoindre de lointains horizons.

Du haut de la terrasse, nous surplombons Cilincing, et on y voit, certainement comme le Pape de son balcon au Vatican, la ville qui s’anime, les rencontres, les disputes, les joies et les peines du voisinage. On entend les marchands de rues présenter leurs menus, les enfants qui jouent à la sortie de l’école, le muezzine qui répète la prière du soir. C’est une fenêtre sur notre petit monde.

 

Cilincing

La rue de notre Life Project Center (LPC)

 

À 18h quand la journée avec les Youths est terminée et que le hamac de la terrasse nous ouvre grands ses bras, pas question de céder aux sirènes. En effet, les moustiques arrivent et le hamac à première vue si accueillant se transforme rapidement en zone à haut risque. Les chances d’y attraper l’encéphalite japonaise y sont alors multipliées par 3 et les médecins de l’Institut Pasteur sont formels : vous n’êtes jamais à l’abri d’un paludisme Monsieur Mailliu.

 

Les Youths

Maintenant que le décor est très sommairement posé – j’aurai l’occasion d’y revenir dans mes prochains articles, il faut que je garde des cartes dans mon jeu – il est temps de vous présenter les acteurs.

Les youths indonésiens semblent à première vue plus réservés et plus introvertis que les youths philippins. Ils sont pour autant adeptes des selfies, boomerang ou tous autres effets de style photographique de bon goût et les premiers jours j’ai l’impression d’être Johnny Depp en promotion sur la croisette.

Chaque matin, les youths m’attendent avec une énergie folle et de grands sourires. Quand vous êtes un peu fatigué, pour x raisons – bien qu’on puisse évoquer l’appel à la prière – les voir vous accueillir avec des sourires aussi grands que l’Europe et l’Asie réunies vous transmet une énergie insoupçonnée. J’ai une majorité de garçons dans l’équipe bien que les quelques filles tirent, comme toujours, leurs épingles du jeu. Elles sont plus studieuses mais elles ont aussi un caractère plus compliqué. Il faut parfois jouer les diplomates.

Je n’ai pas senti que le changement de coach était mal vécu, c’est peut-être encore un peu tôt. Le niveau d’anglais est moyen, nous avons parfois du mal à nous comprendre mais la communication s’améliore de jour en jour. Nous ne nous connaissons pas et nous apprenons à nous faire confiance.

J’ai réussi à retenir les noms des 10 jeunes de mon équipe en 1 semaine, c’est une information qui n’apportera rien à l’histoire mais que je suis très fier de partager avec vous !

 

Jeunes LP4Y

 

La communauté

Le soir, quand les youths quittent le centre, j’aime acheter une boisson sucrée type soda au wartec (un micro commerce où l’on trouve tout à l’unité juste au pied du centre) et me promener dans Cilincing. Je rencontre les habitants, et bien que je ne parle pas bahasa (indonésien), le langage corporel fonctionne plutôt bien. Je m’intègre petit à petit au voisinage de notre centre.

 

Les enfants d'une école de Cilincing

Les enfants d’une école de Cilincing

 

La communauté à l’habitude de voir les volontaires se succéder et nous accueille toujours avec plaisir. Il n’est pas facile au début de communiquer car rares sont les habitants du quartier qui parlent anglais et le bahasa ne s’apprend pas en une semaine. Pour autant, nous allons manger dans une petite cantine à deux rues du centre, je dispute des parties de futsal avec les jeunes de Cilincing et je joue avec les enfants dans les rues le soir.

S’intégrer dans la communauté, partager ses habitudes, ses moments de vie et monter des projets avec elle est un objectif qui me tient particulièrement à cœur. Cela demande de l’énergie car c’est évoluer dans un environnement qui, une fois encore, n’est pas du tout le mien.

 

“La culture est un antidote à la violence, car elle nous invite à la compréhension d’autrui et féconde la tolérance, en nous incitant à partir à la rencontre d’autres imaginaires et d’autres cultures.« 

Renaud Donnedieu de Vabres

 

Par ici pour découvrir les photos de Cilincing ! 

 

 

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Marion Frelat
4 octobre 2019 13 h 49 min

Tu nous fait voyager, continue!
PS : on s’habitue vite au chant du Muezzin, peut être même que tu en seras nostalgique à ton retour en France 😉